Le séminaire « A Climate-Proofed Social Protection: How to face social-ecological risks ? » du 26 novembre
L’objectif de cet événement était de rassembler des experts nationaux, européens et internationaux pour faire le point et échanger sur des exemples concrets et discuter des risques socio-écologiques liés aux chocs climatiques et aux politiques de transition environnementale.
Ce séminaire a été préparé dans le cadre d'un projet du Service Public Fédéral (SPF) Sécurité Sociale avec un consortium d'universités sous la direction de la professeure Pascale Vielle, composé de l'Université Catholique de Louvain, de l'Université Libre de Bruxelles et du professeur Eloi Laurent de Sciences Po Paris. Ce projet s’inscrit dans la lignée des états généraux de la transition juste mis en place par la Ministre fédérale en charge du climat, Zakia Khattabi, qui ont rassemblé les scientifiques, la société civile, les citoyens et les administrations fédérales ainsi que des experts européens dans le cadre de plusieurs événements de réflexion et de propositions.
La matinée du séminaire fut consacrée à l’exploration des risques socio-écologiques. Les académiques du consortium scientifique avec lesquels le SPF sécurité sociale coopère ont distingué deux grands types de risques et ont présenté une matrice pour les analyser et y répondre :
- les risques de transition socio-technique liés aux transitions des systèmes socio-techniques (ex.: logement, alimentation, transport, industrie…) vers des régimes environnementalement soutenables en vue d’atténuer des crises écologiques (réduction des émissions de gaz à effet de serre, protection des écosystèmes et de la biodiversité…) ;
- les risques de transformation biophysique liés aux transformations du système Terre (la Biosphère) vers un dépassement des limites planétaires qui se traduit par des chocs climatiques (comme les inondations ou les canicules), des chocs pandémiques (comme le Covid), mais aussi des évènements à évolution lente (ex.: montée du niveau des mers…) lesquels induisent également des effets sociaux.
Après une discussion en panel, Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, a tiré les conclusions de la matinée, et il a évoqué des pistes de solutions pour répondre aux risques socio-écologiques. Il a notamment souligné que la protection sociale devrait avoir un rôle de prévention et qu’il faudrait envisager la mise en place d’une nouvelle branche de la sécurité sociale dédiée aux risques socio-écologiques.
La session de l’après-midi a exploré des solutions de politiques publiques permettant de réduire ces risques socio-écologiques et d’assurer la résilience de nos systèmes de protection sociale.
La directrice du département Protection Sociale Universelle de l’Organisation internationale du travail (OIT), Shahra Razavi, a présenté le Rapport mondial sur la protection sociale 2024-2026 de l’OIT, qui fournit des perspectives clés sur le rôle de la protection sociale face aux risques climatiques. En mettant l'accent sur le rôle de la protection sociale dans la protection des personnes à travers le monde contre les risques courants du cycle de vie et les chocs liés au climat, le Rapport mondial sur la protection sociale 2024-26 de l'OIT attire l'attention sur l'urgence de combler les lacunes en matière de protection sociale, en particulier pour les personnes qui sont en première ligne face à la crise climatique. Le rapport illustre comment les systèmes de protection sociale protègent contre les risques quotidiens et mettent les individus à l'abri des conséquences du dérèglement climatique telles que les conditions météorologiques extrêmes et la hausse des températures. Il montre également comment la protection sociale peut soutenir les politiques climatiques indispensables - grâce à ses effets redistributifs substantiels qui réduisent les difficultés économiques potentielles - et contribuer à catalyser une transition juste vers une planète plus durable.
Après la présentation de l’analyse du consortium académique et une discussion en panel, Philippe Pochet, professeur à l’Université Catholique de Louvain, a dressé les conclusions de la journée. Il a notamment évoqué la nécessité de bien observer les risques et la nécessaire mise en place d’un observatoire des risques socio-écologiques ; la nécessité d’anticiper et de prévoir différents scénarios ; la nécessité de réfléchir dans un contexte global et pas seulement eurocentré ; et la nécessité de « verdir » les institutions de l’Etat providence : l’administration doit avoir un rôle de pionnier et montrer l’exemple aux citoyens.
Ce séminaire a aussi examiné comment ces problématiques transcendent les clivages politiques et touchent l’ensemble de la société européenne.
Enfin, Peter Samyn, Président du SPF Sécurité Sociale, a clôturé le séminaire en insistant sur le fait que nos systèmes de protection sociale doivent aider à une transition efficace et améliorer la préparation aux risques et la capacité à agir auprès des citoyens. Il a conclu en disant que le rôle des administration est de préparer les politiques de demain, et que la coopération et la coordination entre les différentes administrations est essentielle. Il a précisé que les conclusions du séminaire vont enrichir l’étude que le consortium académique est en train de rédiger et qui sera publiée prochainement.
Le SPF Sécurité Sociale remercie les experts qui ont partagé leurs idées pour nourrir ce séminaire.
Le programme du séminaire et la présentation PPT