Documentaire “Zie mij doen” au sujet de notre vision des personnes handicapées

12 avril 2018

Klara Van Es a réalisé Zie Mij Doen, un documentaire émouvant consacré au monde des personnes atteintes d’un handicap mental, à nos rapports avec elles et à la manière dont nous les considérons. Cette impression évolue continuellement et ce documentaire y contribue certainement.

La DG Personnes handicapées reconnaît divers handicaps, y compris les handicaps mentaux. Par exemple, les personnes atteintes d'une déficience mentale qui répondent à certains critères ont droit à une allocation, à une carte de stationnement ou à d'autres mesures sociales et fiscales. Actuellement, environ 22 % de toutes les reconnaissances sont liées à une déficience mentale. Il peut s'agir de démence, d'incapacités mentales ou de troubles psychiatriques.

Dans leur évaluation, nos médecins tiennent toujours compte de l'impact d'un handicap sur la vie quotidienne. Ils examinent les problèmes que quelqu'un éprouve pour les aspects suivants:

  • se déplacer
  • acheter, préparer et consommer des aliments
  • prendre soin de soi et s’habiller
  • entretenir le logement
  • évaluer et éviter les dangers
  • être capable de communiquer et d'avoir des contacts avec autrui. 

Une personne handicapée n'est donc pas toujours reconnaissable par sa chaise roulante. Nous constatons que les personnes ayant une déficience mentale ne sont pas toujours comprises. Par exemple, il y a parfois des plaintes injustifiées concernant le stationnement d’accompagnateurs sur une place de stationnement pour personnes handicapées alors que la personne reconnue sort facilement de la voiture. Souvent, les gens ne se rendent pas compte que quelqu'un peut être parfaitement capable physiquement de marcher sur une longue distance, mais ne peut pas, par exemple, s'orienter. 

 

Zie Mij Doen

Synopsis: Notre regard sur les personnes atteintes d’un handicap mental est hélas aujourd’hui encore toujours compatissant. Mais elles ont comme tout un chacun des sentiments et des humeurs qui peuvent entrer en conflit. Elles ont leurs propres pensées, désirs et opinions; une propre vie. Au moyen d’un portait poétique en noir et blanc, Nadine, Sofie, Sam, Quan, Mathias et Jessica nous dévoilent leurs idées et leurs émotions.

Nous avons pu interviewer la réalisatrice au sujet de quelques thèmes de son film.

Pourquoi avoir choisi le regard sur les personnes handicapées comme thème? 

2 thèmes sont importants dans mon film. En premier lieu, les émotions et le handicap mental et, en second lieu, le regard sur le handicap. J’ai très rapidement été confrontée à ces thèmes lors de mes recherches sur les lieux de tournage. J’ai remarqué que les personnes atteintes d’un handicap mental montrent leurs émotions de manière directe et sans filtre. Il était donc vite évident que mon film devait y être consacré: que ressentent les personnes atteintes d’un handicap mental et comment, comment expriment-elles ces émotions, comment les gèrent-elles?

Etant donné que j’étais moi-même aussi continuellement à la recherche de personnages potentiels, il était tout aussi évident que ce film devait aborder “le regard sur le handicap”. Comment les personnes sans handicap regardent-elles les personnes handicapées, et inversement? Comment les personnes handicapées veulent-elles être regardées?

Comment vous êtes-vous préparé ?

Mes recherches empiriques sur les lieux de tournage vont toujours de pair avec une étude scientifique de mon sujet et j’ai donc beaucoup lu sur les sciences neurologiques, le handicap, les émotions et le développement émotionnel de personnes handicapées. Evidemment pour comprendre ce que je voyais et ensuite pour savoir ce que je devais filmer. J’ai aussi beaucoup lu sur le regard, entre autres le livre “Staring. How we look” de la professeure américaine Rosemary Garland-Thomson. Il traite de la manière dont les personnes handicapées peuvent s’accommoder des regards strutateurs de personnes non handicapées, de sorte qu’une certaine ouverture d’esprit et compréhension mutuelles grandissent peut-être dans ces regards qui se croisent. 

Comment se sont déroulés les entretiens? 

Les entretiens avec les personnes atteintes d’un handicap (mental) sont généralement spontanés. Elles disent ce qu’elles ont à dire. Elles sont aussi le plus souvent très claires: oui signifie oui et non signifie non. Honnêtement, c’était facile pour moi. Je savais avant le tournage que certains de mes personnages ne feraient pas la différence entre moi comme visiteuse de Monnikenheide et comme réalisatrice de film. Nous avons dès lors aussi intégré les remarques qu’elles m’ont faites dans le film.  

Quelles réactions votre film a-t-il suscitées ? 

Pour autant que j’en ai connaissance, elles sont (très) élogieuses. Et c’est naturellement agréable! Des personnes qui sont des experts du vécu en matière de handicap, parce qu’un membre de leur famille est handicapé ou parce qu’elles travaillent avec des personnes handicapées, estiment que le film est particulièrement reconnaissable et respectueux. C’est donc plaisant.

En ce qui concerne l’accessibilité des espaces publics, tient-on déjà suffisamment compte d’aménagements pour les personnes atteintes d’un handicap mental?

Je peux difficilement généraliser en cette matière. Les lieux de tournage, parmi lesquels parfois des bâtiments publics, étaient en général bien accessibles, je pense. Je ne peux naturellement pas juger à la place d’une personne en fauteuil roulant par exemple. L’accessibilité pose davantage problème dans le secteur privé. Je me souviens que les personnes qui accompagnaient Quan m’ont raconté un jour qu’elles ont dû chercher pendant la moitié d’un dimanche après-midi à Zoersel (et dans les environs) un café qui était ouvert et dans lequel on pouvait entrer sans obstacle au sens propre avec une voiturette électrique. Donc oui, il y a encore du pain sur la planche.

Comment évolue la perception selon vous ?

Auparavant, les personnes handicapées étaient mises à l’écart dans des institutions. Ceci n’est heureusement plus le cas aujourd’hui. Les personnes handicapées, également dans des institutions, font le plus possible partie de la société. Dans la plupart des centres résidentiels de soins, le modèle de la citoyenneté est appliqué, dans lequel les notions d’émancipation, d’intégration et de qualité de vie des personnes handicapées occupent une place centrale. La question qui se pose est de savoir si la société est toujours disposée à adhérer à ce modèle? Je ne le pense pas. Ces derniers temps, beaucoup de programmes à la télévision brossent le portait de personnes handicapées, souvent atteintes du syndrome de Down. C’est bien, mais encore tout à fait insuffisant. 

Website Zie Mij Doen 

Trailer Zie Mij Doen

www.handicap.belgium.be